Le soixante cinquième anniversaire de l’indépendance de la République Démocratique du Congo s’est célébré sous silence scénique à Bukavu. Comme d’habitude, la ville n’a pas vibré par des prestations artistiques qui souvent donnent plus d’ampleur et valeur à la mémoire de la libération du pays.
La situation sécuritaire instable n’a pas permis des rassemblements pour célébrer la diversité culturelle de la République Démocratique du Congo. Pour certains, ce silence artistique et culturel est obstacle à l’éclosion des productions locales.
Le spectacle « Patrie Yote » consacré au rappel de l’histoire du pays n’a pas eu lieu. Ce 30 juin est passé inaperçu. Raphael Bikubanya, son iniatiateur, attribue cela au contexte actuel au Kivu.
Malgré ce contexte est, pour Raphael Bikubanya, un moment enrichissant, un élément de plus pour le prochain spectacle « Patrie yote ».
« En plus, ce moment nous révèle que le numérique est une bonne voie de promotion de l’art, un patrimoine à léguer aux générations futures », explique-t-il.
La coordonnatrice du projet Slam électoral, Lina Bintu Pascaline témoigne que la peur éteint à petit feu le gout de la scène : « c’est une des causes majeures du silence observé récemment à la date commémorative de l’indépendance Congo ».
« Je ne condamne pas le silence observé en cette date, mais j’encourage les artistes à se taire lorsque leurs voix sont volées avec l’espoir de les retrouver », martèle-t-elle
Pour mérou Mushagalusa, directeur artistique du collectif slam session, la froideur ne pas dépend de la date, mais plutôt de la frustration qui règne depuis la prise de la ville de Bukavu et de Goma par le mouvement du AFC-M23. Cette situation handicape les activités de communication et promotion artistique.
« C’est une situation alarmante qui enterre petit à petit le secteur culturel, mais malgré tout, on continue d’appeler nos collègues artistes à la prudence tout en poursuivant leur mission d’ambassadeurs de la paix », renchérit-il.
Les artistes de Bukavu plaident pour une paix durable dans leur entité et la reprise normale des activités et évènements culturels délocalisés pour un espoir d’émergence de leur secteur.
Gisèle BASHWIRA